lundi 20 octobre 2008

la Méthode Bernadette




Vient de paraître un étonnant petit ouvrage aux éditions Matière : la Méthode Bernadette.
Cette méthode est constituée de centaines d'images en noir et blanc d'une beauté insoutenable rejoignant dans mon panthéon personnel les gravures sur bois de Vallotton. (voir ci-dessous)

Il s'agit d'images pieuses servant la cause catholique et ne tentant pas moins que raffermir le monde aux risques et périls de la société de consommation. Il s'agit d'une économie, d'une économie de moyens donc. Il s'agit donc d'une grande difficulté graphique car si qui peut le plus peut le moins il reste difficile d'atteindre un tel degré de perfection. Ce travail réalisé par les Sœurs Bernadette de Saint François de Sales est une mine incroyable. Une apothéose du noir contre le blanc, de l'encre contre le papier, du dedans contre le dehors. Il faudra rapprocher cette valeur du noir imprimé, j'entends sa valeur symbolique, à une page du journal de Fabrice Neaud dont le silence graphique commence à me peser. On attend le dernier volume Monsieur Neaud.
Mais ce qui fait mon intérêt pour ce livre c'est mon travail commencé en silhouette la semaine dernière. J'aime y voir un écho, une onde.

Mais je vois également dans les images de la Méthode Bernadette un écho à Chris Ware (voir ci-dessus) ou Paul Cox par exemple.
C'est beau, parfaitement édité et présenté. C'est je crois un beau livre de la rentrée. Merci à Monsieur Laurent Bruel pour cette découverte.



Voyez l'avancement de mes travaux, voyez le chantier du dessin parfois. Les outils se bousculent sur les bords de la pierre en strates parfois hasardeuses jusqu'à l'écœurement. C'est dans ces moments que je rêve soit d'un dessin généré directement depuis mon esprit, sorte de matérialisation cérébrale un peu démiurgique ("je suis Dieu") ou bien plus modestement d'une sorte d'outil universel, anthropomorphe et bio-design (Existenz) que je brancherais sur ma main pour faire couler telle une bile ou une morve mon génie créatif !
Mais non, il faut des taille-crayons, des pointes, des craies, des pinceaux sales aux manches poisseux, des Mecanorma et de l'encre de l'encre de l'encre...

mardi 14 octobre 2008

enfance de profil


J'avais commencé à dessiner un profil enfantin que les dessinateurs traduisent souvent par un profil très rond. J'étais satisfait mais un peu bloqué aussi. Je l'ai gratté.
Et puis soudain, je me suis souvenu de ce profil en papier noir découpé que mes parents nous avaient fait faire à Montmartre lors de notre première visite à Paris. Je devais avoir 6 ou 7 ans.


Je me souviens de cette séance de découpage un peu comme d'une séance chez le coiffeur, mi-ennuyé mi-impatient de voir le résultat. Je me souviens que mon frère Christophe et moi avions quasiment le même profil au risque de nous tromper parfois. Je me rappelle que cela me décevait un peu.
Aujourd'hui je remonte donc chercher dans mon album de photographies ce petit bout de papier noir et décalque avec plaisir cette forme. J'aime qu'elle ne soit ni une photographie, ni un dessin. Elle est un peu suspendue. Je vais m'en servir comme matrice pour la cascade de mots à l'étymologie enfantine...

Je trouve dans l'album une image de moi de profil au même âge. Quelle chevelure ! Et surtout quelle ressemblance avec ce profil de papier ! La dame de Montmartre était douée . Me restera à inventer un jeu pour poursuivre le travail sur ces mots, faire jouer la forme, faire jouer l'enfance, l'enfant, l'enfantement, l'enfantin...

Aujourd'hui, grâce à Catherine Schwartz, j'ai vu la dédicace de Georges Perec dans un exemplaire de "La vie : mode d'emploi" en Livre de Poche, décidément il faudra aussi faire le W ou les souvenirs d'enfance...

lundi 13 octobre 2008

le point d'appui



J'ai un peu mal.
M'appuyant en permanence sur mon bras gauche pour pouvoir atteindre le haut de la pierre et dessiner, ce qui m'oblige également à travailler debout, je sens lentement mais sûrement l'os du bras dont je ne connais pas le nom pénétrer avec douleur l'intérieur de l'épaule.
Je pensais à un coussin à inventer et je pensais à cette douleur comme étant peut-être signifiante d'un travail. Est-ce que les lithographes connaissent tous cette douleur comme il existe la crampe de l'écrivain ?
Je prends à nouveau conscience de la posture du corps comme signifiant du type de dessin que l'on produit. Quelle était la douleur de Hergé, Topor, Steinberg, Dürer, Valloton, Chris Ware ?
Il doit aussi y avoir les dessinateurs debout, les dessinateurs assis, les dessinateurs couchés.
Moi je suis debout, parfois le genou droit posé sur un tabouret. Cela me permet de me pencher énormément, de me plier en deux au plus près de la pierre. Je ne peux m'asseoir que pour les dernières lignes. Cela détermine un type de geste donc de dessin, à moins que ce ne soit le type de dessin qui induise une posture pour l'autoriser...

Voyez sur cette tranche de dictionnaire ce que j'ai produit et voyez ce qui me reste à faire mais n'oubliez pas de soustraire les pages des noms propres...

mercredi 8 octobre 2008

le plus dur

Bon.
Je dois avouer quelque chose : j'en ai marre du grainage des pierres.
C'est dur, pas amusant mais c'est utile.
Il faut bien effacer le dessin de la pierre pour en faire un autre mais j'aimerais tant me lever le matin, descendre au sous-sol et trouver la pierre toute grainée sur la table.
J'aimerais embaucher les lutins du cordonnier. En attendant il faut pousser les pierres l'une sur l'autre avec du sable entre les deux. Palpitant...
Si certains d'entre vous connaissent un moyen plus rapide pour s'acquitter de cette tâche, je suis preneur. Il faudra que je me décide pour le carborundum. Un grainoire mécanique ? Une ponceuse électrique ? Un jeune padawan ?
J'aime tellement peu ça que c'est le genre d'étape qui pourrait me faire renoncer à la pierre. Oui. vous avez bien lu. J'ai dit renoncer.

Bon, allez reprenons nos esprits : la pierre est grainée et je vais innover en réalisant le dessin directement sur la machine, cela fera une table de moins dans l'atelier.
Si l'apprentissage du grainage vous intéresse, venez me voir je saurai vous montrer à quel point c'est passionnant !

Sur cette image on peut voit comment bien que l'encre de tirage soit partie reste le gras du dessin qui repousse l'eau autour de lui. Il faut donc par le grainage enlever aussi et surtout ce gras.

mardi 7 octobre 2008

la planche




Une de plus.
Aujourd'hui j'ai fait le tirage.
Rien de particulier à dire sinon que comme d'habitude cela s'encrasse un peu au bout de 20 tirages, que j'ai rehaussé le plateau de la presse avec une planche de 15 mm pour gagner en finesse de pression (conseil de Philippe = bon conseil), que j'ai utilisé une carte de Lyon (carton spécial et non plan de la ville !) offerte par... Philippe.
La machine est tout de même lourde, il faut l'avouer. Entraîner le plateau plus le poids de la pierre c'est assez costaud. Et le râteau pèse son poids. C'est construit pour durer.
Mais le tirage est là, vingt feuilles. C'est peu mais déjà suffisant pour encombrer un sous-sol. Et puis le jour ou la demande sera supérieure à l'offre j'augmenterai le tirage !
Pour le moment...
Je vous rappelle que si vous désirez une image, elles sont à vendre... C'est possible d'acheter de l'Art vous savez.
Il ne me reste plus qu'une nouvelle fois à grainer ma pierre et c'est reparti pour un tour. Voyez les images.

mercredi 1 octobre 2008

International lithographic way of life






Disons que j'ai réalisé le montage de la pierre. Disons que la phase de tirage approche. Disons que ne manque que le papier et le coup de pied au derrière.
Alors : la pierre est allemande, l'encre est française, le talc est de Venise, la gomme est arabique. Les sandales sont allemandes, l'eau est française, la balance est chinoise, le pantalon est américain.
Pour ceux qui sont au Mans encore un peu la chance de voir l'exposition sur les gravures japonaises au Musée de Tessé vous avez.
Pour les amis désolés de ne pas voir le travail et donc ce blog avancer, ils peuvent se rendre sur le site dédié aux cartes postales, ici : http://archipostcard.blogspot.com/
Merci à eux de me rappeler mes retards. Une énorme tireuse numérique est arrivée à l'Ecole des Beaux-Arts de Rouen, une de ces machines qui crachent de l'encre, une de ces machines qui obéissent aveuglément.
j'espère que Philippe saura la faire cracher de biais, dans les coins, à l'envers. J'espère qu'il fera trop chaud parfois, trop froid parfois, trop humide parfois, trop sec parfois.
J'espère qu'il continuera à déposer l'encre par une pression modérée, qu'il continuera à réaliser des matrices pour mouler des encrages.
Mais il sait qu'il peut encore le faire dans le garage, ici.