Il y a des illustrateurs que l'on retrouve souvent, qui ont modelé vos souvenirs d'enfance à grands coups d'aplats colorés et joyeux.
Alain Grée est de ceux-là.
Il m'est toujours difficile de ne pas acheter pour quelques centimes l'un de ses ouvrages lorsque j'en trouve. Ce fut le cas, ce samedi aux Emmaüs. En plus, joie plaisante, l'œuvre d'Alain Grée est prolixe, il est donc aisé de se faire plaisir.
De cet illustrateur, on chante souvent la simplicité analytique de ses gouaches, leur manière de faire image par la couleur, la reconnaissance immédiate des visages de ses personnages ou de la ligne noire découpant le blanc des espaces. Il y a dans les livres d'Alain Grée, cela ne fait aucun doute, une écriture.
Mon œil y reconnaît de suite mon enfance.
Mais cette simplicité qui dit tout, qui ne dit rien, ne suffit sans doute pas à qualifier l'ensemble des qualités des dessins et gouaches d'Alain Grée. Il faut y ajouter une lecture possible car amené à un point irradiant de clarté qui, évidemment pour des enfants, est à la fois utile et surtout poétique. On aime toujours comment si peu de lignes, si peu de formes se lisent dans une synthèse qui produit et invente une image. On verra qu'il existe parfois aussi des matières, des crayonnages qui font monter le grain d'un papier ou le sec d'un pinceau pour définir une masse. C'est subtil, bien construit et surtout d'une puissance des couleurs et de leur justesse tonale absolument parfaite. Joie !
Alors voici des exemples tirés de deux ouvrages entrés depuis hier sur les rayonnages Enfantina de ma bibliothèque. Il s'agit de Un courageux petit marin, texte et dessins d'Alain Grée, éditions Fleurus, édité en 1964 et de Moustique et Barbe-Bleue de Paul Guth pour le texte et d'Alain Grée pour les images, un grand et superbe album aux éditions Casterman datant de 1959 ! Deux ouvrages dans un état remarquable et qui finissent tous les deux par le dernier dessin d'un coffre au trésor qui dit bien finalement que les illustrations d'Alain Grée resteront, pour moi, à l'image de ces coffres, ouverts sur des pierreries et des clefs utiles aux rêves enfantins.
On aura, sans doute l'occasion, à de multiples reprises, de retrouver dans d'autres articles, le travail d'Alain Grée.
J'aime l'audace du point de vue :
Parfait archétype :
J'adore la radicalité presque abstraite de cette bibliothèque :