lundi 19 décembre 2011

la jungle chez moi


Dans la forêt des livres de ma bibliothèque, forêt relativement touffue où se cachent parfois des ouvrages d'espèces oubliées, je retrouve cet étrange livre : La jungle chez moi.
Il s'agit d'un album à découper. D'une incroyable qualité graphique, depuis la couverture jusqu'à la dernière image, des animaux stylisés à l'extrême reposent à plat dans l'album en attendant d'être découpés et pliés pour former un bestiaire de carton un rien cubiste, terriblement Art Déco !
Le livre date sans doute de la fin des années trente, sans certitude. Je n'ai rien pu trouver sur l'illustrateur Turenne Chevallereau qui a réalisé ces plans d'animaux sauvages aplatis !
Tout est à l'unisson, typographie, couleur et étrangeté.
Par contre, si on regarde bien le dessin de l'animal monté et celui du plan, il semble parfois, en suivant les explications, bien difficile de croire que cela corresponde toujours... J'entends d'ici les cris de désespoir des enfants ayant sacrifié leurs belles images pour n'obtenir qu'une pâle figure en regard du modèle !
Mais voir ainsi un éléphant ou une panthère noire réduits à la forme d'une carpette reste une drôlerie d'avant-guerre bien touchante.
























La jungle chez moi
dessins de Turenne Chevallereau
éditions Bouasse Jeune & Compagnie
12, place St Sulpice Paris
vers 1938.

mercredi 14 décembre 2011

liber veritatis et caetera



Depuis quelques jours, j'ai entrepris de faire enfin sérieusement ce liber veritatis.
Késako me direz-vous ?
Il s'agit d'un livre dans lequel on inscrit l'ensemble de ses planches, leur titre, leur numérotation, le nombre de planches vendues (ou plus souvent offertes...) et à qui, et les particularités des estampes s'il y en a.
Monsieur Ramondot m'avait conseillé cela et, comme un idiot, je ne le faisais pas ! La jeunesse se croit toujours à l'abri des pertes de mémoire...
Me voici donc plongé à nouveau dans l'ensemble de ma production, prenant paquet de tirages après paquet de tirages, comptant chacune des épreuve, vérifiant la numérotation, cherchant les manquantes etc.
Un travail harassant mais qui permet de revoir l'ensemble de sa production, de se rendre compte que les lithographies sont en bon état et ... qu'il m'en reste beaucoup !
Enfin...
Parfois, je retrouve des lithographies que j'avais oubliées comme celles dont je n'avais imprimé que les mots sans les images ! Il faut vous dire qu'au début de ce travail, j'ai hésité longtemps à mettre ou non les mots sous les vignettes. Avec Monsieur Ramondot nous n'étions pas d'accord sur ce point.
Je me voulais d'une radicalité puissante et conceptuelle en laissant la "magie" des images flottantes et libres enfin de leur mot, surtout j'avais peur du mot illustration.
Monsieur Ramondot lui, me rétorquait réalité du travail, salut de la contrainte, humour du collage... et en quelque sorte éthique du projet !
Nous avions décidé de couper la poire en deux. Je ferais donc un passage supplémentaire sur la lithographie qui imprimerait les mots dans un noir très transparent faisant monter les images devant les mots. C'était habile mais cela me demandait deux passages avec un calage minutieux et très vite cela m'épuisa de voir souvent des calages ratés.
Donc Monsieur Ramondot gagna la partie (comme toujours !) et je décidai d'écrire à l'envers sur mes pierres lithographiques les mots correspondant aux images. Nous ne nous sommes pas battus pour la typo, l'écriture à la main, un rien écolière lui plut et à moi aussi. J'ai appris à bien écrire ainsi.
Et puis aujourd'hui j'ai aussi gommé ma pierre. Le tirage sera pour la semaine prochaine.

Un nuage de mots esseulés...



Dépouiller toutes les petites notes pour retrouver la vérité des tirages !

et la nouvelle feuille bien ordonnée.

mardi 13 décembre 2011

F mais sans les mots



Voici que je termine ma première planche de F ce matin.
Comme d'habitude, je vous laisse avec la pierre lithographique sans les mots sous leur vignette car je sais que vous êtes friands de devinettes.
Des indices : tous les mots commencent par Fa, il y est question d'un architecte et parfois les images sont bien ce qu'elles représentent et parfois... pas du tout mais alors vraiment pas du tout !
Vous aurez les réponses après le tirage.
Reste à mettre sous gomme, faire le montage, le tirage...
Belle lecture :








lundi 12 décembre 2011

de Paris à New York avec Monsieur Sasek

Pour une fois je vais faire un article transversal allant du site architecture de cartes postales à celui sur mon travail de lithographe.
Non pas par goût de la dispersion mais simplement parce que je crois, que des deux rives de mes intérêts et des vôtres nous pourrions bien nous amuser avec les livres de Monsieur Sasek.
Les deux albums que je vous propose de voir sont certainement parmi les classiques de l'enfantina des années 50-60 et viennent d'ailleurs d'être réédités. Mes deux exemplaires ici sont de 1960 par Casterman.
On y voit Paris et New York traduits par Mioroslav Sasek qui, au lieu d'échapper aux clichés semble volontairement les appuyer, les déterminer comme pour bien faire comprendre à l'enfant lecteur les codes de chacune des deux villes. On y retrouve donc ce qui fait une ville pour un touriste ou pour un rêveur qui souhaite aller voir et confirmer son rêve dans des images tendres et sans violence. Le trait est serré, minutieux, totalement de l'époque. Les couleurs à l'aquarelle sont transparentes et légères et se posent en petits fragments comme des vitraux. Les personnages ont le sourire, heureux d'être ainsi des personnages si parfaits.
Beaucoup de blanc dans les pages, et l'artiste s'amuse des doubles pages et des hauteurs surtout pour New York. Je ne sais pas si Monsieur Sasek est allé vraiment dans les deux villes ou s'il a parcouru des guides, des cartes postales mais il sait bien entre les deux cités nous faire sentir les espaces et l'atmosphère.
Ce sont de belles promenades graphiques, parmi même les plus belles.
Sans doute que l'on se trouve ici entre le Paris de Sempé et le New York de Saul Steinberg.
Je garde mes deux exemplaires, malgré leurs petits défauts, avec jalousie.
On va voir ?
Paris !









Un fort des halles bien sanguin !

Sasek trouve une solution quand le monument est trop grand !



Tout Paris dans ce caniche !



New-York !


Le monsieur doit être Monsieur Sasek lui-même !








Toute la largeur d'un livre pour un camion de pompiers !





Et revoici l'artiste !