Me voir vous voir me voir jubiler des lignes croisées des gravures de Morandi.
Nous y sommes allés grâce à Patrick parce que ce musée de Bologne avait vu le rapprochement possible entre les photographies des Becher et les vues du peintre, bouteilles sur bord de table monumentales constructions urbaines ou calme abandon bien rangé.
Nous y avons vu le génie qu'il peut y avoir à suivre avec application la manière de produire des valeurs donc de la couleur.
Je me souviens de cette même leçon par Jacques Ramondot. Les plus belles gravures en noir sont celles qui donnent l'illusion de noirs colorés. Oui, toujours tenter cela.
J'ai bien pensé à lui là-bas. Jacques Ramondot aimait Venise du vivant de Morandi. Je n'ai pas su aimer Venise du vivant de Jacques Ramondot alors je comble en aimant voir Morandi avec vous.
Il faut être certain que le graveur parisien connaissait bien le travail du peintre italien. Comme il a dû regarder cela avec attention, prenant note des croisements des morsures, de l'absence d'aquatinte pourtant technique de peintre.
Il faudra creuser cela aussi. Pourquoi avoir échappé à la tentation du lavis ? Morandi se placerait-il volontiers du côté de la ligne celle de Rembrandt ? Modelage plus radical et cernes purs sans zonage. Ce qui est certain c'est que l'italien a su maîtriser les fautes possibles des paquets de lignes : incroyable vision. Et puis la forme se fond.
Wohnhaus in Salchendorf, Siegerland, 1961 par les Becher :
frontalité du motif, planéité totale du volume rendu dans l'épaisseur de son dessin, application parfaite du système constructif et choix par les photographes de ce type. Les lignes dans les colombages ne sont pas des hachures mais se maintiennent aux intersections suivant la nécessité de la solidité.
Sous le léger débord du toit les bardeaux se chevauchent et tremblent entrecoupés par deux lignes horizontales. Ici ça vibre un peu plus. Blancheur du fond, je dis bien le fond pas le ciel. Il n'y en a point le désir malgré l'attente de son absence. Le ciel souvent c'est la météorologie, pas ici. Un fond donc une image, un dessin. Le biais presque emmerdant du premier plan, ligne fuyante tout de même un peu de la barrière heureusement légère d'un grillage (lignes aussi croisées) et de trois frêles poteaux donnant un rythme un rien joyeux. Au fond la vie de village écrasée, l'arbre surgit tout de même, on ne peut l'abattre ni lui ni la maison que peut-être on ira photographier ensuite. Tout est calme, bien rangé.
Natura morta a grandi segni, 1931 par Morandi.
frontalité du motif , planéité désirée des volumes rendue dans l'épaisseur de son dessin. Objets identifiables presque par leur creux pourtant deux inconnus à l'arrière plan, des équilibres ?
les lignes se croisent bien ordonnées par la succession des morsures et les blancs (le papier) est ici la lumière. La table rencontre le fond en oubliant simplement le croisement orthogonal. Simple. Une ligne pourtant vient relier les points. Ce n'est pas le cas du bord de table. On sait d'où vient la lumière, de la droite donc de la gauche pour le graveur. Anticipation ou surprise du jeu de miroir ? Maîtrise sans aucun doute quoique je me souvienne d'une signature de Morandi inversée sur le tirage...
C'est posé comme une des premières photographies, longuement. Tout est calme, bien rangé.
1 commentaire:
Cette exposition Morandi était délicieuse, on est sorti repu de ses nombreuses tables.
Jocelyn (qui passe ses vacances a lire plutôt qu'à travailler...)
http://ledresseur.blogspot.com/
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