la Suprême Dimension

Charlélie Couture chante la Suprême Dimension.

Moi, j'essaie de la parcourir en un jeu de miroir.

Je dessine avec ce qui pourrait être une orientation du reflet. Tout, au tirage se retourne. Et pour voir le dessin dans son sens, celui imprimé, pourquoi ne pas aller chez Alice.

Je n'avais jamais fait ça.

Certainement parce que dès l'image imprimée j'oublie ce retournement, doutant même parfois qu'il ait eu lieu.

Il faut rappeler que je vais de droite à gauche et du haut en bas. En tout cas, aujourd'hui j'ai fini le dessin. Ne restent que les mots à ajouter. Mais pour le moment je vous laisse ce petit moment de doute, celui où votre esprit vagabonde à la reconnaissance d'une image pour un mot.

Bonne chance.

Vous savez parfois moi aussi je ne sais.

Il dit qu'il faut stimuler les espoirs

comme la vie le dégoûte

il se réfugie dans la science fiction

il dit que les seuls amis qui l'écoutent

évoluent dans...

la Suprême Dimension

l'inquiétude de Guillaume et de Mathieu

J'ai de bons amis dessinateurs.

ils savent ce que c'est ce travail. Ils savent que parfois c'est long de faire bouger des ombres au fusain, d'aiguiser des stylos Bic.

Alors lorsque je suis un peu absent de mon blog, lorsque les nouveaux dessins ont du mal à arriver ils s'inquiètent.

Je devrais les abonner à mon dictionnaire.

Leur inquiétude je les prie de m'en excuser.

Elle est le signe de leur intérêt et c'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire. Ce matin j'ai donc expédié mes dossiers pour le centre commercial de Monsieur Parent et j'ai repris le chemin du dessin.

Ils vont être contents, au moins ces deux là.

Aux autres, je les rassure aussi : je suis vivant.

Mais le béton brut de décoffrage me fait un oeil doux et je m'applique à son sauvetage. Aucun regret.

J'ai repris comme d'habitude exactement là où j'avais arrêté. Quel pied ce travail...

archipostcard.blogspot.com/

J'en suis là

Un petit glissement des lignes. Cela déborde un peu.

Je retrouve mes images mentales et je tente de les déposer sur la pierre.

Donc : rien de particulier sinon mon travail.

Souvent la question que me posent mes amis qui ne m'ont pas vu depuis longtemps est la même :

"T'en es où ?"

Je réponds. Puis souvent vient juste après :

"Seulement ! Tu ne finiras jamais !"

C'est encourageant les amis.

Mais ils ne savent pas que je dois aller à la banque, chez l'assureur, chez mon frère, à Paris, promener ma mère, faire le plein, faire les courses, écouter François Chaslin, aller voir, faire des photographies, acheter des cartes postales, lire des livres (moins), enseigner, planter des pivoines, des iris, des ancolies, des tulipes, les regarder pousser avec mon chat, ranger le sous-sol...

Alors quand viendra l'heure de ma superbe et magnifique rétrospective il y aura du retard. Mais nous mettrons sur les murs des petites pancartes indiquant que la lithographie manquante est due à mon jardinage, que celle-ci qui aurait dû être réalisée, est absente parce que je suis allé à Poitiers, celle-ci parce que je suis allé à l'anniversaire d'un neveu, ah celle-ci manque parce que j'ai dû acheter un jouet pour le neveu pour son anniversaire, celle-là n'a pu être faite parce que ce jour-là je suis allé chez le vétérinaire, celle-ci parce que j'ai tondu environ pendant 500 heures la pelouse...

chacun son Sisyphe

Alors que je fais le grainage de ma pierre je reçois un carton d'invitation du F.R.A.C de Haute Normandie. On y reconnaît Sisyphe qui porte sa pierre sur son dos. la photographie Sisyphus est de Jana Sterbak.
Ma pierre je la porte parfois sur le haut des cuisses, genoux fléchis et hop ! je pose.
Mais j'aime mieux (disons ma condition physique aime mieux) faire glisser. Mais je sais aujourd'hui que ce poids je peux le maîtriser, tenter de l'oublier. Lorsque je fais des beaux 8 avec la pierre dure sur la pierre de tirage, le sable mouillé et mordant entre les deux, il m'arrive même d'y prendre plaisir.

Il est pourtant vrai que c'est l'étape la plus exténuante, la moins palpitante de la lithographie. Vite Achille, grandis !!
La pierre est pour le moment au séchage sous un air chaud pulsé par un petit radiateur. Demain elle recevra à nouveau mes dessins. J'aime mieux ça...

un Maître entre les mains

Une amie qui pour l'instant veux rester anonyme pour des raisons de sécurité m'a mis dans les mains des Mangas originaux d'Hokusaï.
Quatre petits livres au papier fragile et à l'encrage très doux offrent un panel du talent de dessinateur et de graveur du Maître japonais.
Il y a là de la tendresse, de l'humour, une légèreté et un trait affirmé qui laissent vraiment pantois. Je ne connais pas la date, ni même le contenu et l'organisation de ces livres mais il s'agit d'un texte en début de livre (à l'envers par rapport aux livres occidentaux) et d'une suite d'images parfois organisées en planches et parfois en pleine double page.
C'est une chance de voir cela de si près, de sentir le papier. Ce sont aussi des livres simples, sans ostentation, tout est dans le dessin, tout.
Comment faire au moins aussi bien ?
Il me faudra aller les revoir.
Mon amie me le permettra sans aucun doute. n'est-ce pas ?

C'est possible

Bon.

Finalement c'est possible que tout se passe bien. Vingt ans que je fais ça mais toujours au moment du tirage ce petit pincement de doute sur ma capacité à imprimer en lithographie. Toujours.

Pourtant, là, aucun souci. Aucun.

Cela confirme que l'on peut aciduler fort, si on acidule progressivement.

J'ai utilisé un mélange d'encres, un tiers d'encre Charbonnel Velours et deux tiers d'encre américaine Senefelder très dure et un peu bleue. Tirage très propre, léger bouchage en fin de course dû certainement à mon encrage un peu lourd, car j'aime bien quand c'est bien encré, un peu gras. Philippe n'aime pas ça lui.

Alors voici des images.

Puis il faut se remettre au grainage... Achille est encore trop petit. Il va bien falloir que je le fasse seul.

faucon sous acide

Achille, 8 ans, est venu faire sa première lithographie.

Il a choisi judicieusement et sans influence, de dessiner le Faucon Millénium. Oui.

Nous avons trouvé une image et il a copié sur la table historique du graveur Adeline, le superbe vaisseau.

Il m'a fallu pour ma part préparer ce dessin pour que l'on puisse en faire le tirage samedi ou dimanche. J'en ai profité pour gommer également ma pierre et je ferai également le montage demain.

Nos deux dessins l'un à côté de l'autre.

Achille trouve que : "tu dessines super bien."

Il a raison .

Moi aussi je trouve qu'il dessine super bien.