C'est le cas du superbe et drôle Sławomir Mrożek.
Remercions de suite les éditions Noir sur Blanc de nous offrir en France la publication des dessins de cet artiste peu connu mais qui soudain se révèle à moi comme une filiation amusée, un point d'accord.
Sławomir Mrożek pour apprendre le français décide de faire un cahier avec des dessins lui permettant de retenir les mots qu'il apprend. Il dessine les objets eux-mêmes mais aussi les situations, les qualités, les sensations. Vous aurez vite compris en quoi ce projet me ramène à lui !
Ici, le dessin est rapide, concis, parfois obtus pour qui n'est pas dans la réalité du moment de conpréhension linguistique, et le rebours de la solution n'est pas toujours simple à éprouver à notre tour. Mais c'est bien là la beauté sèche et croquignolesque de Monsieur Mrożek.
Et puis, il y a des finesses et surtout une intelligence de la solution graphique toujours épatantes. On s'amuse, on essaie de deviner l'articulation linguistique, on tente de comprendre ce que nous aurions avec lui ajouté ou enlevé (plus difficile !)
Monsieur Mrożek nous apprend à aimer la traduction. Il fait sans doute là le plus clair travail de traduction en nous montrant que le signe déborde le mot, se joue de l'imaginaire en l'offrant comme espace de liberté et... d'errements ! On devine des mots anciens, on perçoit aussi quelques fautes d'orthographe. Mais qu'importe !
Monsieur Mrożek s'il vous plaît, adoptez-moi.
Alors je le jalouse (ah la belle énergie !) Alors je lui tire la bourre !
J'entre en compétition avec lui, je m'amuse de ses solutions et des miennes même si Monsieur Mrożek évoque le passage d'une langue à une autre et que pour ma part, il s'agit surtout d'une traduction d'un signe à un autre.
Mais finalement, devant des mots français inconnus de moi et dessinés par Sławomir Mrożek, je suis bien moins français que lui. Dès qu'il aura sur son cahier dessiné son mot, il sera dans ma langue, dans la sienne alors que je serai toujours dans l'inconnu d'un signe.
C'est bien la force superbe de cet artiste : son humour est sa langue. Sa langue nous est alors commune. On remarquera que le mot dessin est au singulier car c'est bien un cahier de langue. Le dessin est sa langue et, Bon Dieu ! qu'il la parle bien ! Pour remercier Claude Lothier de cette découverte, je lui offre ce carrelage dont il saura trouver la raison de sa présence. Et je remercie aussi Zhuo et je m'excuse encore auprès de lui : il sait pourquoi.
Mon cahier de français, de dessin
Sławomir Mrożek
éditions Noir sur Blanc
isbn : 978-2-88250-288-9
achetez-le !
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