C'est comme ancien étudiant d'une école que j'ai beaucoup aimée que je me fais le relais de cette lettre ouverte adressée à Monsieur Mayer-Rossignol, lettre que j'ai bien entendu signée.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen est un lieu exceptionnel, cela ne fait aucun doute pour personne. Lorsque en 1988 je suis entré dans ce lieu qui était alors encore l'école des Beaux-Arts de Rouen, il était déjà question de sa restauration et chaque année, nous regardions notre magnifique école pourrir doucement, sans aucune intervention des élus d'alors. En étions-nous, nous étudiants, responsables ?
Les étudiants pris dans un espace aussi fort culturellement et historiquement ont toujours fait attention à ce lieu tout en l'animant de leur jeunesse, certes parfois iconoclaste, mais toujours attentive et même souvent fière de cet ossuaire devenue leur École des Beaux-Arts. Alors, quand une revue* qui doit aux institutions qu'elle représente une certaine retenue se permet, sans aucune raison, d'attaquer l'héritage de cette présence (de 1940 à 2014 !) c'est la honte qui m'envahit. Nul doute que Messieurs Gossent et Randon les rédacteurs ont dû rencontrer des dizaines d'anciens élèves et enseignants pour produire le contenu éditorial de ce magazine.
Pour satisfaire qui ? Quel donneur d'ordre politique ?
Pour ma part, lorsque je parle de cette école, j'évoque ma chance. Ma chance d'y avoir vécu avec mes camarades un moment de vie important, d'y avoir rencontré certains enseignants qui m'ont offert mon autonomie. Toute cette histoire est ainsi perdue et oubliée par ces messieurs. Ils n'ont pas eu la chance de profiter de la vie culturelle de ce lieu. Les conférences, les colloques ? Sont-ils venus y assister ? Les expositions ? Les ont-ils visitées ? Il faut croire que non. Tant pis pour eux... Il est grand temps que la Métropole de Rouen rende hommage à cette histoire au lieu de l'accuser, de la moquer, de l'ignorer ainsi. 74 ans d'histoire rayés d'un trait de plume mal informée...
Car si nous pouvons tous nous réjouir de la superbe restauration de l'Aître, doit-on pour ce faire trouver un coupable à son tardif intérêt ? Alors, cherchons-le, le coupable. Qui était en charge de ce bâtiment et de son état entre 1940 et 2014 ? La Ville de Rouen ? La Région ? Les Institutions Patrimoniales (DRAC etc...), la Métropole... ou les... étudiants, les enseignants, les agents techniques et administratifs de cette école ?
Monsieur Mayer-Rossignol puisque Monsieur Robert est parti sur ce geste de mépris.... peut-être pourriez-vous, vous, nous donner votre avis sur le contenu éditorial d'un magazine qui représentera votre future politique et qui se doit, au minimum, aux respects d'une histoire commune.
Voici ce courrier, n'hésitez pas à le diffuser, à le signer et l'envoyez ici : mag@metropole-rouen-normandie.fr
*Pour lire ce magazine : https://www.metropole-rouen-normandie.fr/sites/default/files/publication/2020/MAG54.pdf
Lettre ouverte à Monsieur Nicolas Mayer-Rossignol Président de la Métropole Rouen Normandie
Monsieur Michaël Gossent, rédacteur en chef de le Mag Métropole Rouen Normandie et Monsieur Dominique Randon, directeur de la publication ont pris une énorme responsabilité.
Le numéro 54-Juillet-Août 2020 de cette revue consacrée en grande partie à l’Aitre Saint Maclou laisse tristes et surtout en colère toutes les personnalités qui ont participé à l’histoire de l’École des Beaux-Arts de Rouen depuis 1940. Les sous-entendus et même les affirmations sur les conséquences de la présence de cette école sur l’état du bâtiment et sa nécessaire renaissance (sic !) sont insupportables et surtout totalement faux eu égard à ce qui s’est passé dans ce lieu sous l’impulsion des directeurs successifs, des équipes pédagogiques et techniques et bien entendu des étudiant-e-s qui ont animé et valorisé cet espace.
Comment peut-on écrire dans un magazine culturel et institutionnel page 9 :
«En 1940, l’école des Beaux-Arts récupère ces locaux de la Ville après l’incendie de la Halle aux Toiles. L’école quitte les lieux en 2014, laissant l’Aître dans un piètre état.»,
mais aussi page 5 : « Puis, il était devenu au XXe siècle un lieu enfermé et isolé. », et « l’espace redevient pour certains un petit havre de paix au milieu de la ville. Mais aussi le théâtre d’évènements culturels. Des spectacles, des concerts, des lectures… »
Comment peut-on laisser croire aussi que ce serait l’école (agents municipaux, personnels administratifs, enseignant-e-s, étudiant-e-s) qui seraient responsables de l'état de ce bâtiment ?
Avaient-ils en charge sa restauration ?
Bien au contraire, pendant toutes les années de cette occupation, aucun accident n’a été à déplorer alors même que la fréquentation y était dense. L’école étant habitée par les personnels, les visiteurs, les étudiant-e-s, les enfants et les adultes des cours du soir, et cela avec des ateliers techniques dont la maitrise des sécurités y fut contrôlée et maintenue grâce à une grande vigilance et une attention de tous à ce patrimoine.
Comment peut-on à l’occasion de la sortie d’un tel magazine ne pas raconter l’importance pédagogique et l’écho culturel d’un tel lieu ? A-t-on oublié les nombreuses expositions qui y furent montrées et construites ? A-t-on oublié les interventions, les colloques et les conférences d’artistes organisés dans cette école? A-t-on oublié les centaines d’étudiant-e-s y ayant obtenu leur diplôme national ?
Quand la Métropole rendra-t-elle hommage à ce travail, aux artistes qui y ont enseigné, à ceux qui sont maintenant disparus ? Quand la Métropole décidera-t-elle de regarder aussi ce que sont devenus les étudiant-e-s venus ici dans ce quartier qu’ils ont aussi largement contribué à vivifier et nombre d'entre eux sont professionnellement inscrits dans la vie culturelle de l'agglomération ?
Nous sommes nombreux à avoir dans cet espace des souvenirs d’une émancipation culturelle forte qui font que, des années après, nous sommes encore attachés à ce temps, à ce lieu. Réduire ainsi l’histoire de l’École des Beaux-Arts à un oubli méprisant en lui faisant porter des responsabilités patrimoniales qui ne furent pas les siennes est particulièrement déplacé et grave.
Vive l’avenir de l’Aître Saint-Maclou avec ceux qui y ont vécu, étudié, enseigné et surtout Monsieur Mayer-Rossignol, avec ceux qui ont aimé et continueront à aimer ce lieu.
Signataires : Patricia Duflo, professeure à l’ESADHaR et à l’ENSA Normandie, David Liaudet, ancien élève, professeur à l'école des beaux-arts du Mans, Kacha Legrand, artiste plasticienne, enseignante ENSA Normandie Jakob Gautel, artiste plasticien, enseignant à l'ENSAP La Villette Laurie Lefebvre Myriam Chaïeb Nairi, artiste Fabien Persil, restaurateur de livres Philippe Martin, artiste et professeur à l’ERBA Guy Lemonnier, artiste et professeur à l’ESADHaR Eric Boucourt, ancien élève et membre du personnel technique du Guggenheim- NY Dominique Le Gac, professeure de céramique Jean-Claude Carpentier, technicien multi-media à l’ESADHaR Julien Kuhn, styliste Elisabeth Vaissaire, professeure d’Arts Plastiques Sylvie Tocque Virginia Mastrogiannaki, artiste Vincent Victor Jouffe, artiste Narek Voskanian ancien élève de l’école, artiste, réalisateur, photographe Miguel-Angel Molina, artiste et professeur à l’ESADHaR Marie Arrateig Dominique Constantin Weyer, professeure d’arts plastiques Mathieu Andrei, musicien Thibault Le Forestier, administrateur de la Fraap, enseignant Charlotte Baudet Gérard Diaz, artiste, professeur à l’ERBA Jean Rault, artiste et professeur à l’ERBA pendant une vingtaine d’année Jean-Christophe Bailly, écrivain Benjamin Frizon de Lamotte, Développeur pour la DGD à la recherche, à l'expertise, à la valorisation et à l'enseignement Sébastien Blanchot, ancien élève Jeremy André, animateur spécialisé à l’école TUMO, forum des images, Paris Julien Binet, plasticien musicien Jason Karaïndros, artiste et professeur à l’ESADHaR Maxime Verdier, artiste Victoria Selva, artiste plasticienne Sophie Roger, artiste, professeure d’art Lycée Jean Prévost Montivilliers Julie Lesage, directrice artistique Maxime Fauvel, enseignant Arts Plastiques Karl Thiriot, style maker Sophie Grassard, plasticienne Jean-Philippe Paumier, artiste (élève de 1998 à 2003) Bernard Lallemand, artiste et professeur à l’ERBA Philippe Janssen Bérénice Duflo, professeure de lettres Fanny Brianchon, professeure d’Arts Plastiques Alice Delarue, peintre, accessoiriste Martine Leclercq, professeur d’Arts Plastiques, Montréal Québec Jean-François Raymond, peintre et enseignant Emmanuelle Owen Pascale Landais François Audemar, peintre Cécile Tombarello, élève à l’ERBA de 2001 à 2006- Responsable de Communication Léo Martin Marie-ange-le-rochais, Auteure, peintre, illustratrice Gilles Respriget, artiste Magali Decaen Florence Chevallier, professeure et artiste Sophie Mari Marielle Manteau, responsable Tiers-Lieu Numérique à l'Atelier 17 CCPOH Communauté de Communes des Pays d'Oise et d'Halatte Stéphane Pichard, artiste Julien Brunet, artiste plasticien diplômé 1998-2003 ERBA Elodie Boutry, artiste Olivier Nottellet, je suis artiste et professeur à l'ENSBA de Lyon Dominique Debeir, artiste et professeure à l’ESADHaR Lucile Encrevé, professeure d'histoire de l'art à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, ancienne enseignante à l'ERBA de Rouen Eric Helluin, professeur à l’ESADHaR Julie Faitot Marie-Christine Leclercq Martine Bavent Catherine Bernard, artiste plasticienne Tsuneko Tanuichi, artiste Philippe Bergoin, musicien Sébastien Pugna Béatrice Cussol, artiste et professeure à l’ESADHaR Claude Lothier, artiste professeur à l’Ecole des Beaux-Arts du Mans Martine Goupil, artiste Erwan Venn, artiste Nicolas Moulin, artiste Antonio Gallego, artiste, maitre de conférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg Stéphane Carrayrou, professeur d’histoire de l’art à l’ESADHaR Paatrice Marchand, artiste...
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