dimanche 29 décembre 2013

Bombe et pierre, Fabien et David

Fabien Yvon est venu à l'atelier pour tenter une expérience intéressante.
Il aime souvent ainsi mettre en jeu les principes techniques et plastiques pour former des signes, des formes, des dessins qui, au-delà de la simple application d'une recette, débordent leur origine pour fabriquer des images.
Ici, le principe perçu comme valide pour Fabien était celui du dépôt d'une matière, d'une couche sur la pierre lithographique. En s'appuyant sur l'expérience des papiers marbrés, en jouant de l'opposition si lithographique du gras et de l'eau, l'artiste décida d'abord de constituer ce dépôt sur une surface d'eau. La bombe de peinture venant produire par jets successifs une surface sur la surface, un  peau délicate posée et flottante sur l'eau.
L'opération difficile étant à la fois de constituer une forme et de venir avec la pierre grainée la sucer sur la pierre. J'avoue avoir douté de cette possibilité jusqu'à ce que Fabien, d'une manière absolument naturelle, maîtrisant son geste, soit venu aspirer cette peau de peinture sur sa pierre !
Ne rester plus qu'à faire une lithographie normale de cette expérience : acidulation, préparation, montage et tirage...
Mais nous ne savions rien de la résistance de ce dépôt de peinture cellulosique à la gomme arabique acidulée à l'acide nitrique, ni même de résistance de la gomme à l'acétone.
Nous avons fait comme si !
Certes le tirage ici est certainement un peu fermé par rapport à l'image sur la pierre. Il faudra revoir la fermeté de l'acidulation ou l'acétone comme mode de retrait qui vient sans doute graisser un rien par l'enlevage la surface de la pierre. Mais tout de même ! Cela est extrêmement prometteur ! Les délicatesses du grain, les jeux de valeurs sont bien là même si les photographies ne rendent pas tout à fait les qualités des tirages. Il s'agissait aussi pour Fabien de maîtriser encore plus justement les techniques de préparations et de tirage lithographique. Ce qu'il a su faire, comme toujours, avec une inquiétude calme et mesurée.
Je vous laisse regarder le film de cette expérience.
Nul doute que l'ambition de Fabien sera une énergie suffisante pour faire à nouveau la route vers l'atelier un rien froid cet hiver. On en reparlera !






















mardi 17 décembre 2013

la flibuste.

Rapidement pour vous rassurer sur le fait que oui j'avance, même si j'entends de plus en plus ceux qui m'entourent, me dire à l'énoncé de là où j'en suis que je ne vais pas vite. 
(Et même que je ne finirais pas !)
Oui, vous avez raison.
Alors ne perdons pas de temps en blabla et regardez.
Certains de mes très très proches, trouveront sans doute que j'exagère à la vue de certains dessins. C'est qu'ils sont pour moi, toujours présents en nom, en image, en pudeur.
Ils sont flibustiers, pirates ou vikings.
Ils sont surtout une fierté.




































samedi 30 novembre 2013

la Communauté d'Atlantis Contremark.


Philippe Langlois perdu dans Atlantis Contremark.
 C'était une idée un peu curieuse sans doute au départ : faire un atelier de recherche et de création autour d'un artiste. Mais il y a des découvertes et des chocs esthétiques qui fondent parfois ces idées et la découverte dans la Grande Galerie de l'école des Beaux-arts de Rouen du travail de Rainier  Lericolais avait suffi à me donner l'envie de faire avec lui un travail pédagogique. L'exposition semblait alors le lieu idéal pour cet artiste qui avait su rassembler là ses préoccupations alliant une plasticité diversifiée à une recherche pointue sur son rapport au sonore. Il me fallait en parler alors à mon collègue Philippe Langlois qui s'occupe pour une grande part de ce territoire dans notre école des Beaux-arts du Mans. Et comme après une très courte discussion avec ce dernier j'appris que Philippe Langlois et Rainier Lericolais se connaissaient très bien, il n'y avait plus aucune raison de ne pas croire que nous allions faire là un atelier parfaitement articulé.
Mais le risque pédagogique était bien visible aussi, celui de donner en pâture aux étudiants un artiste, d'en faire une sorte de modèle à des travaux plastiques ou sonores. Il a donc fallu d'abord mettre en garde l'artiste et les étudiants sur cet écueil possible tout en laissant bien évidemment la rencontre se faire. Et c'est là que la personnalité de l'artiste entre en jeu, ouvrant le plus largement possible son champ de références, ses domaines de compétences mais aussi, dans une générosité appuyée, il a su sans peur montrer sa capacité à apprendre d'un domaine technique qu'il connait moins : l'estampe. Cela forma une sorte d'égalité programmatique entre les étudiants, l'artiste et les enseignants, n'ayant par exemple, pour ma part que peu de connaissances dans le domaine du son et de la musique. Nous avions donc tous quelque chose à offrir et nos faiblesses en faisaient partie !
L'énergie de Rainier Lericolais et notre engagement à tous s'étendit vers Angers avec la participation de quelque étudiants de l'autre pôle de notre établissement ESBA TALM. Julien Sirjacq vint ainsi nous rencontrer et mettre à son tour ses compétences dans le domaine de l'édition sérigraphique et de son enseignement. L'équipe était au complet.
Il fallait travailler !
Aujourd'hui l'objet éditorial est terminé et il a pris la forme d'un coffret contenant les propositions de chacun des participants : artiste, étudiants, enseignants. Cet objet se nomme Atlantis Contremark. Il est une sorte de fusion intime entre la fragilité d'un devenir de jeunes artistes, de tentatives touchantes de se rencontrer et d'œuvres laissant à l'artiste l'occasion d'un frottement joyeux et jubilatoire à d'autres que lui-même.
Pour ma part, j'ai pris le parti de faire un enregistrement, voulant ainsi à ma manière, venir sur le terrain de l'artiste. Et comme il s'agissait d'un accueil, le contre-pied voulait que je choisisse de chanter une chanson racontant une rupture, rupture accentuée par l'univers musical dudit modèle ! Kylie Minogue est, en ce sens... parfaite.
Get Outta my way !
On trouve dans le coffret, de nombreuses expériences tentant une traduction graphique du son, d'autres utilisant machines et objets sonores comme fabriques de signes mais aussi des vidéos de performances, des enregistrements de sessions sonores et musicales. Je n'en ferai pas l'inventaire. Ce qui compte c'est d'avoir vu (et entendu !) les étudiants capables très rapidement de se mettre au travail, saisir les espaces, accepter les errements et finalement produire une édition. Comme si la communauté d'Atlantis Contremark avait permis à tous cet investissement bref et cerné en même temps.
J'avoue garder de cette expérience pédagogique un beau souvenir, celui de plusieurs rencontres avec Rainier bien évidemment mais aussi avec Julien Sirjacq et ses étudiants. La complicité amicale avec Philippe Langlois est confirmée et quelque chose de fort maintenant aussi nous lie tous avec les étudiants : Atlantis Contremark.
La Communauté d'Atlantis Contremark est composée de : David Liaudet, Philippe Langlois, Rainier Lericolais, Julien Sirjacq, Fabien Yvon, Charles Dubois, William Rezé, Julie Knaebel, Fu Yu, Thibault Averty, Pierre Bertre, Simon Puiroux, Tanguy Clerc, Ragnar Tournarie, Luka Hair, Pauline Djerfi.

Voici le coffret :





 

 

 

J'ajoute un très très court instant de l'enregistrement de la création radiophonique réalisée pendant cet atelier et édité en 33 tours pour ce coffret. C'est, je m'en excuse Messieurs Lericolais, Sirjacq et Langlois un rien grésillant...




Quelques images vous donneront un peu l'idée de l'événement !
D'abord Rainier Lericolais nous propose une impression de noir de fumée dont le très beau dessin provient de la maîtrise du lancer de toupie par l'artiste ! Inutile de vous dire que pour Fabien Yvon et moi-même imprimer une plaque de verre fut une tâche bien périlleuse mais parfaitement maîtrisée grâce au sang froid de mon arpette, Fabien.

 



 



 

C'est également Fabien Yvon qui eut la lourde responsabilité de faire les 50 épreuves tirées de la matrice de Rainier Lericolais. Matrice qui est un disque de métal percé de trous et utilisé à l'origine comme élément d'une sorte d'orge de barbarie. Il fallait tenir l'essuyage pour conserver les éléments d'oxydation et aussi les inscriptions présentes mais fragiles sur ce disque. Il fallait donc, là aussi, une belle maîtrise pour respecter le bon à tirer de l'artiste.
Fabien a tenu parfaitement son rôle.
 

Sur la demande de Rainier, on posa l'ensemble des tirages réalisés par les participants à l'atelier sur le sol, dans le hall de l'école des Beaux-arts du Mans.
Quelle belle idée ! Soudain, le hall se recouvrit d'un très beau et fragile tapis de sol en papier.
Sous nos yeux, notre travail.


















































 

 

Au premier plan, l'objet inventé par Tanguy Clerc pour dessiner : Un cylindre de CD emmanchés sur une tige de fer et qui est une sorte de compas primitif et technologique !