mercredi 29 mai 2013

Avec un D comme Degas, Danse, Dessin.


Je viens de finir.
Finir deux choses différentes et pourtant qui se rejoignent.
D'abord je viens de terminer la pose de la couleur sur la planche de mon complément du dictionnaire Larousse réalisée il y a bien longtemps en gravure et dont je n'avais pas eu le courage d'établir le tirage définitif.
Fabien a joué parfaitement le rôle du taille-doucier et m'a imprimé cette planche un peu particulière car n'étant pas en lithographie. Mais sa réelle particularité sera d'avoir été tirée par Fabien dont les qualités techniques sur une planche d'une telle taille et d'une telle variété de gravure font merveille.
Alors voici, à votre lecture sagace les résultats de cette mise en couleur. Et soyez certains que cette planche est déjà partie chez qui de droit.
Mais je viens aussi de finir une lecture incroyable. Je viens de lire le très beau et intelligent Degas, Danse, Dessin de Paul Valéry.
Mais pourquoi ai-je mis autant de temps à lire cette évidence ?
Et si je n'avais vu dans un catalogue où figurent des dessins d'Alexis Pernet une citation de ce livre je n'aurais jamais parcouru cet ouvrage qui dit en un condensé pur et véridique la réalité du travail du dessin, du regard du dessinateur.
Bien entendu, il est assez drôle que ma distance avec l'œuvre de Degas, je veux dire sa distance conceptuelle, me permette tout de même de me retrouver dans les propos de Valéry sur ce grand artiste.
Quelle lucidité ! Quelle langue et même quel humour ! Car le portrait que Valéry fait de Degas nous le montre souvent dans une intimité particulière et nous dresse un caractère bien trempé mais sert surtout l'occasion pour le poète de faire la chanson du dessin. La phrase est belle, les raccourcis inouïs et surtout l'amour du réel perçu par les sens est le chemin de la compréhension de l'art. Et une clairvoyance sur l'art moderne.
Mon édition est de 1938, il aura fallu attendre 75 ans pour que mon œil glissant à nouveau sur des signes et de l'encre m'offre la vie de ce livre. C'est seulement à ce moment-là que les livres vivent.
Je vous offre ce très beau moment :
" Je ne sais pas d'art qui puisse engager plus d'intelligence que le dessin. Qu'il s'agisse d'extraire du complexe de la vue la trouvaille du trait, de résumer une structure, de ne pas céder à la main, de lire et de prononcer en soi une forme avant de l'écrire ; ou bien que l'invention domine le moment, que l'idée se fasse obéir, se précise, et s'enrichisse de ce qu'elle devient sur le papier, sous le regard, tous les dons de l'esprit trouvent leur emploi dans ce travail, où paraissent non moins fortement tous les caractères de la personne quand elle en a."
Paul Valéry
Degas, Danse, Dessin
Gallimard 1938.


















dimanche 12 mai 2013

à cache-cache en lithographie

Il arrive qu'une lithographie devienne un lieu dans lequel on ait envie de cadrer à nouveau des paysages.
Fabien Yvon, hier, a dessiné et préparé sa lithographie puis nous avons fait le tirage. Dans cette image sombre et tempétueuse, il a désiré ainsi opérer par une méthode, ma foi, assez inattendue en jouant avec des masquages et des recadrages.
Fabien a donc fabriqué des caches lui permettant de sélectionner lors du tirage et du passage sous presse, les "moments" de son image.
Une sorte de monotype lithographique qui lui a permis aussi en réutilisant cette fois l'encre sur les caches de faire une image en deux tons...
Je vous le disais hier, il a de la suite dans les idées...
Regardons cela ensemble, et, oui, c'est beau.



















On peut même faire deux passages en un seul !





Et utiliser le cache comme matrice...







Et rêver à des sculptures ou des architectures....





vendredi 10 mai 2013

F comme Fabien, A comme Ananas




On s'amuse bien.
Il apprend vite.
Fabien Yvon est en train de devenir lithographe. Et c'est pour moi l'une des plus belles choses qui me soient arrivées. Je veux dire, j'espère que pour lui aussi !
Il est toujours émouvant de voir nos connaissances passer d'un corps vers un autre et de voir une autonomie se mettre en place.
Aujourd'hui par la responsabilité du tirage de ma dernière lithographie, Fabien a su me montrer son sérieux et son écoute. Ce qui fait qu'il apprend vite le bougre !
Nous avons formé ainsi le duo parfait du mouilleur et de l'encreur comme, il y a longtemps maintenant entre Philippe Martin et moi-même.



Et puis Fabien n'apprend pas pour moi, il apprend pour lui. Et le voici qui commence son dessin, sa lithographie. Des nuages... comme, et c'est surprenant, les premières lithographies de Philippe Martin...
Dès que l'image sera imprimée, on vous la montrera.
Voici qu'un ananas entre dans la maison. On ne pouvait, Fabien et moi, faire autrement que de faire un petit signe à Florian Viel.





La pierre, après quelques tirages est remise sous gomme acidulée pour nettoyage du fond qui montait un peu. Cela fut très salutaire !