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lundi 4 novembre 2024

Aujourd'hui, la Chine d'hier en pleine gueule

 Hier matin j'achète quelques albums d'Enfantina et ce très beau livre de photographies nous racontant la Chine, celle de 1955...sous un oeil un rien admiratif et lyrique. On pourrait bien passer par dessus ce sentiment qui est sans doute honnête de la part de son auteur mais qui ne résiste peut-être pas tout à fait à ce que l'Histoire nous a appris depuis. Mais voilà, le livre est particulièrement émouvant et cette émotion provient bien de sa forme : mise en page et choix des photographies. Tout cela est imprimé avec une grâce et une force absolument remarquable comme on savait le faire à cette époque, en héliogravure qui permettait d'avoir des noirs et des blancs impeccables. On note aussi ce choix photographique d'être proche des gens et de nombreuses photographies nous montrent des visages que l'on se prend en pleine gueule dans une proximité touchante et vibrante. Un livre d'images, certes parfois jouant la carte d'une Chine éternelle et idéalisée mais qui arrive tout de même à nous projeter dans un temps et un espace avec un émerveillement quasiment à chaque page. Que c'est bien construit ! Il faudrait montrer ce livre à mes amis chinois et voir comment ils s'y reconnaissent ou pas, comment ils articuleraient alors soit une forme de regret, soit une colère ou peut-être un sentiment d'admiration d'un moment sans doute bien disparu depuis longtemps. 

Mon exemplaire est en très bon état. 2 euros sur le vide-grenier. La couverture est juste incroyable...

Aujourd'hui la Chine
texte de Pierre Gascar, phototgraphies de la grande Ergy Landau
éditions Clairefontaine
5 novembre 1955




























En voulant ranger ce livre, je retombe sur un autre, toujours sur la Chine et toujours avec des textes de Pierre Gascar : la Chine et les Chinois chez Arthaud.
Nous sommes cette fois en 1971, la Révolution Culturelle est encore en cours...Plus livre de voyage que livre de photographies, cet album s'inscrit dans la tradition du beau livre d'images et de voyages. On sent un gros doute sur les tenants politiques de cette Chine de 1971 mais en ne voulant pas trop attaquer la politique. Les auteurs croient sans doute faire un bilan neutre et objectif...Mais c'est difficile de ne pas voir aujourd'hui tout ce qui manque d'une certaine tragédie.
Par contre, là encore, les photographies et la mise en page de François Cali (oui!) forment un bien beau livre qui nous transporte à la fois dans une Chine des payasages, des actions et des gens. Moins de visages ici que dans le premier ouvrage, on s'attarde plus volontiers dans une Chine de sa Culture, une Chine étrangement peut-être plus rêvée. Le titre semble vouloir remettre de fait la question du peuple face à ce que le mot Chine évoque comme autorité, pays, politiques, géographie.
Les photographies sont de Claude Arthaud et de François Hébert-Stevens et là encore l'héliogravure laisse les photographies exprimer pleinement leurs qualités.
Quel serait le livre d'aujourd'hui capable de nous montrer la Chine d'aujourd'hui ?
Et quel chinois ou chinoise pour se reconnaitre, se retrouver dans ces deux ouvrages ?

La Chine et les chinois
Pierre Gascar, photographies de Claude Arthaud et François Hébert-Stevens
Mise en page de François Cali.
éditions Arthaud, 1971.















































lundi 16 septembre 2024

La Libération...et Martin Parr mettra ce livre dans sa collection

 

Il y a des objets éditoriaux qui viennent à vous presque malgré vous, c'est à dire que, a priori, comme ça, vous n'auriez pas cru bon les rencontrer.
Mais voilà, ils arrivent dans vos mains avec une certaine force souvent, bien évidemment liée à leur plasticité, leur étrangeté ou la qualité éditoriale. Et puis ce livre affiche (si j'ose dire) assez vite la couleur, ici ses couleurs : bleu, blanc, rouge.
La Semaine Héroïque ne laisse aucun doute sur son contentement patriotique, sur la joie du retour du drapeau. Et, tout est dit sur sa couverture : date, objet (la Libération de Paris), auteur (Georges Duhamel) et même ce que nous devrions faire de l'ouvrage dans les temps à venir puisque le bandeau nous indique tout simplement notre rôle de lecteur : "...que vos petits enfants retrouvent un jour dans votre bibliothèque..."
Ce fut fait exactement comme prévu sauf que la bibliothèque en question était un simple carton sur le sol rempli de plein d'autres livres....




Bien sûr ce qui saute alors au yeux c'est ce désir de construire directement un témoignage dans l'actualité de l'Histoire et même, soyons clairs, dans l'Histoire de France ! Et cela entre le mois d'Août et le mois de Novembre. Il y avait donc urgence à être ainsi très vite sur le marché des livres d'histoire et d'actualité ! Le livre, en effet a été imprimé en novembre 1944.
S'il est aisé de comprendre la motivation, on reste tout de même interloqués de ce désir si ardent de Maurice Boissais d'organiser ainsi une telle édition aussi vite. La Libération devait être vraiment grande. J'imagine bien comment dans les vitrines des libraires d'alors ce livre devait marquer sa place !
Ouvrons-le.

Dans la préface, Georges Duhamel donne sa définition de la Photographie et, en particulier, de celle de l'instantané. On notera de suite que les photographies ne sont pas attribuées individuellement (il est donc difficile de dire qui a photographié quoi) mais les noms des photographes sont bien indiqués :  MM. Artaud, Doisneau, Jahan, Roubier, Roughol, Serge, Zuber et Mme Suzanne Laroche.








Je n'ai aucune idée par qui ni comment tous ces photographes furent réunis, ni de comment le choix éditorial fut opéré. On note tout de même des photographies très proches des événements, très proches des acteurs, avec parfois des points de vue qui racontent aussi le danger. Soit prises très bas sur le sol, soit au contraire, les photographies sont prises en surplomb depuis une fenêtre. On sent la poudre, la peur, le risque, l'indétermination du futur. En ce sens, c'est très vivant. La Libération prend chair en quelque sorte. Les acteurs restent anonymes à part les personnalités historiques, et j'imagine pour ces parisiens la joie de peut-être se retrouver dans ce livre à sa sortie.

Si on cherche chacun des photographes, il est assez facile de ré-attribuer les clichés à chacun d'eux et de comprendre aussi que ces clichés sont tout simplement, souvent, très largement recadrés...donc, sans doute, avec l'accord des photographes qui d'ailleurs avaient des liens entre eux et sont bien connus pour certains.
Il s'agit donc bien d'une composition.

Pour la pagination, rien de plus simple : une photo plein cadre à droite, un petit texte à gauche qui raconte ce qu'on voit. Efficace !
Comme l'année 2024 est celle des 80 ans de la Libération, nul doute qu'il faille regarder cet objet éditorial avec émotion mais aussi avec l'oeil de l'histoire ce qui ne veut pas dire sans la tendresse d'un moment important et donc sans trop non plus y chercher une quelconque vérité ! Ce livre est un cri, celui d'une Libération, d'un sentiment aussi de fierté bien légitime.

En ce sens, c'est un livre de photographies important, un livre étrange sans doute, vivant certainement et c'est le genre de livres de photographies que j'imagine bien sur les rayons de la collection de livres de photographies d'un Martin Parr ou d'un amoureux de la photographie comme objet du réel, du souffle de la vie.
Un bien bel objet donc.
Et n'oublions pas simplement de tous les remercier.