mercredi 28 mai 2025

féminisation des écoles d'Art ? On en parle ou bien c'est tabou ?

 Depuis quelques temps, j'ai le sentiment un rien vague que les écoles d'Art et la mienne en particulier se féminisent disons un peu au-delà de la parité nécessaire et souhaitée, pour ne pas dire d'une manière un peu caricaturale.

Le concours d'entrée de TALM en ce sens me réconforta dans mon impression car sur deux jours de concours, en entretien , je n'ai vu passer que très très peu de garçons. Puis, la visite de l'Instagram de notre école est assez éclairant. Je vous conseille d'y faire un tour. Ce matin, n'ayant rien d'autre à faire en attendant les aides-ménagères, je me suis décidé à faire quelques calculs sur l'ensemble des étudiantes et étudiants de notre école. Pour déterminer le genre, je me suis simplement plié aux demandes des étudiants eux-même et sur leur volonté d'être identifiés comme Il Elle ou Iel.

Commençons par quelques chiffres :

première année Art :
effectif de la promotion : 29
nombre de garçons : 6
soit un pourcentage de garçons de 20%

première année Design :
effectif de la promotion : 26
nombre de garçons : 6
soit un pourcentage de garçons de 23%

On note que dès la première année la parité est en défaveur des garçons et on note déjà aussi un peu plus de garçons en option Design, ce qui sera peu ou prou maintenu jusqu'en 5 année. Je signale que deux garçons en Art ont déjà réclamé leur changement d'option vers le Design, ce qui réduira encore un peu plus la présence masculine en Art l'an prochain. (sauf recrutement)


deuxième année Design :
effectif de la promotion : 16
nombre de garçons : 7
soit un pourcentage de garçons de 43%
même si c'est mieux qu'en Art, la parité n'est pas respectée mais reste assez acceptable. On note donc dès la deuxième année une remontée des effectifs masculins.

deuxième année Art :
effectif de la promotion : 20
nombre de garçons : 5
soit un pourcentage de garçons de 25%
Iel : 5%
la différence entre Art est Design est déjà bien marquée.

troisième année Art :
effectif de la promotion : 30
nombre de garçons : 8
soit un pourcentage de garçons de 26%
Iel : 6%

toisième année Design :
effectif de la promotion : 17
nombre de garçons : 5
soit un pourcentage de garçons de 29%

quatrième année Art :
effectif de la promotion : 10
nombre de garçons : 3
soit un pourcentage de 30%
On note que malgré la chute d'effectif de l'année 3 vers la 4 en art, la proportion reste la même.

quatrième année Design "territoire" :
effectif de la promotion : 7
nombre de garçons : 0 !
soit un pourcentage de garçons de 0%....

quatrième année Design "computationnel " :
effectif de la promotion : 6
nombre de garçons : 4
soit un pourcentage de 66%
Est-ce le premier signe du basculement et de la masculinisation d'une option. Est-ce un refuge ?

quatrième année design sonore :
effectif de la promotion : 8
nombre de garçons : 3
soit un pourcentage de 37 %
ce qui est un peu plus équilibré.

cinquième année Art :
effectif de la promotion : 9
nombre de garçons : 1
soit un pourcentage de garçons de...11%...

cinquième année Magma :
effectif de la promotion : 1
nombre de garçons : 0
soit un pourcentage de 0%

cinquième année Design "computationnel" :
effectif de la promotion : 9
nombre de garçons : 6
soit un pourcentage de 66%
Même question que pour la 4eme année. Maintien dans cette option d'un pourcentage de garçons élevé.

cinquième année design sonore :
effectif de la promotion : 10
nombre de garçons : 7
soit un pourcentage de garçons de 70%. 
On voit là un basculement.

cinquième année Design "territoire" :
effectif de la promotion : 3
nombre de garçons : 1
soit un pourcentage de garçons de 33%

On notera de manière plus globale un pourcentage de 34% de garçons dans l'effectif de toutes les années confondues. On voit aussi que les mentions Design sont bien plus ouvertes à la présence de garçons avec surtout une part importante dans la filière "computationnelle".

On pourrait se demander si la proportion d'enseignants masculins en plus grand nombre dans les spécialités Design est corrélée au plus grand nombre d'étudiants masculins choisissant ces options. Il faudrait alors certainement regarder comment les interactions, tous sexes confondus, entre homme et femme enseignant et homme et femme recevant un enseignement fonctionnent. Et puis, bien entendu, il faudrait réaliser ce calcul sur plusieurs années. Mais l'expérience est tout de même là et il ne fait aucun doute que la féminisation des effectifs estudiantins est à l'oeuvre surtout en Art. Comment justifier et expliquer cela ? Comment la sociologie du genre explique ce désir ? On notera que cet emballement (il n'y a pas d'autre mot au vu des écarts) accompagne également la féminisation trop tardive sans doute des équipes enseignantes. Dans notre école, la parité est presque atteinte avec un très léger avantage pour les enseignants masculins mais là encore, il faudrait analyser le nombre d'heures d'enseignement et la présence effective du masculin et du féminin dans une année de cours pour savoir réellement si le nombre de postes crée d'emblée une féminisation de l'enseignement et un choix d'orientation des étudiants et étudiantes....Rien n'est moins sûr.
On ne peut pas certes parler de "refuge de genre" pour les étudiants masculins en design mais on peut souligner tout de même un certain mouvement. Et c'est particulièrement vrai cette année en première année.
Faut-il se plaindre de cela ? Faut-il inventer des quotas pour les garçons au moment des recrutements dans les concours ? Que ferions-nous si nous assistions à l'inverse de cette situation ?
Est-ce grave Docteur ?
Est-ce que cet état des lieux exprime plus un regret qu'une volonté de produire une pédagogie particulière ? Peut-on sérieusement penser qu'il existe une pédagogie plus féminine en Art qu'en Design ? Ou existe-il une projection des garçons vers ces options Design perçues comme plus masculines, plus en adéquation avec leur genre ? Je suis au bord de le penser. Peut-être qu'un certain environnement et un certain type de taches sont perçus encore comme plus masculins (à tort bien entendu ) par les étudiants. Peut-être que la présence plus masculine des enseignants dans les options computationnelles et sonores agit aussi. C'est une question, en tout cas, que je me pose. C'est juste une question. Une question.

Il faudrait aussi faire une analyse des résultats des diplômes et mettre en corrélation les mentions et félicitations obtenues selon la proportion de garçons et de filles dans une promotion. Ne pas oublier d'ailleurs que, normalement, la parité est exigée dans les jurys. Normalement...
Doit-elle aussi être imposée dans la présentation des étudiants et étudiantes au diplôme et dans la distribution des mentions et des félicitations ?

Qu'en pensez-vous ? Ici ou ailleurs ?





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