samedi 1 novembre 2008

quelques livres


Sous la main un petit escalier de volumes divers.
Je commence par ce qui pourrait se rapprocher le plus de ce blog avec la biographie de Charles Sorlier. Il fut lithographe chez Mourlot, l'atelier si célèbre. Son livre "Mémoires d'un homme de couleurs" (on aura compris le jeu de mots) publié chez Le Pré aux Clerc nous raconte la jeunesse d'un titi parisien à la gouaille relevée qui va avoir la chance de rencontrer les plus grands artistes du XXème siècle venant chez l'imprimeur pour faire des estampes. Si vous aimez les Working Class Heroes comme disent les anglo-saxons, si vous aimez le vocabulaire fleuri et les jugements définitifs sur l'art contemporain alors lisez ce livre, sinon...
Il ressemble beaucoup à celui de Mourlot lui-même, un brin orgueilleux, (mais il y a de quoi) mais aussi un brin inutile. On n'apprend rien sur la manière dont les artistes abordaient l'estampe, sur leur regard ni sur les inventions plastiques. Tout juste sait-on que Picasso faisait ce qu'il ne faut pas faire pour voir pourquoi il ne faut pas le faire. Les portraits d'artistes sont à l'avenant, raccourcis en quelques anecdotes fort peu instructives. Reste une atmosphère, une histoire personnelle qui peuvent satisfaire les amateurs du Paris des années cinquante. Un tonton flingueur...






Je poursuis avec la vie parisienne avec cette fois le point de vue d'un très grand dessinateur : Forain.
Dans ce recueil "La Comédie Parisienne" il résume d'un trait extraordinaire la vie bourgeoise et travailleuse de son époque. C'est un humour qui est un peu loin de nous parfois mais le dessin est d'une puissance incroyable. Parfois un combat à l'escrime, à la pointe des plumes, incise les fonds, parfois les pinceaux effleurent d'un jus sombre les formes. C'est précis et donc réduit au maximum, un trait de plus ou de moins et le visage de la jeune femme se transforme en sa mère acariâtre. Quand on sait à ce point saisir et inventer on peut tout se permettre, l'œil du lecteur s'habitue et apprend le vocabulaire : une pile d'assiettes est une pile de traits.
Il a dû en bousiller des plumes...
L'ouvrage est une édition de la Librairie Plon de 1904.







Je finis avec un grand petit livre au titre provocateur "Contre la bande dessinée, choses lues et entendues" de Jochen Gerner aux éditions de l'Association.
Rassemblant les poncifs et vérités écrites, entendues et lues sur cet art Monsieur Gerner en fait un recueil de dessins rangés par chapitres : objet(s), décors et couleurs, personnages, récits, jeunes lecteurs, médiocrité, sexe et violence, censure, festivals, architectures etc.
C'est magnifique, insolent, drôle et d'un dessin subtil d'un noir et blanc réducteur et si difficile à faire (je suis jaloux). Des doubles pages remarquables d'un graphisme parfait analysent en un rien les trucs et les travers des autres dessinateurs. Les têtes des personnages ont quelque chose du fétiche Arumbaya de Tintin. On peut même apprendre à le dessiner comme pour se jouer de la critique d'un dessin de bande dessinée trop accessible. Références et phrases sont illustrées et détournées par des dessins, l'ensemble de ceux-ci s'associant comme un rébus libre sur la page. J'aimerais bien savoir comment il dessine Monsieur Gerner, comment il prend la page car, à n'en pas douter, il y a là une grande habileté pour l'espace.


Les façades de Berlin sont magnifiques. Quelle compréhension et quel humour analytique !
Vraiment, précipitez-vous. C'est un ouvrage indispensable. Merci Monsieur Gerner. Si vous voulez faire de la lithographie, passez à la maison, il y aura toujours une pierre de prête pour vous.
Je crois que ces deux images devraient vous rappeler quelqu'un ; je crois que ce personnage au cube volant devant ses yeux est l'image même de Monsieur Claude Lothier !


2 commentaires:

Claude Lothier a dit…

Pas de doute, David, je me reconnais, si je me laissais faire j'emprunterais immédiatement l'image pour la coller sur mon profil de blogger mais j'hésite à faire cet emprunt.

Claude Lothier a dit…

Quant à cette page sur la perspective il me la faut évidemment. J'ai retrouvé pourquoi je connaissais le nom de Jochen Gerner, il a publié un album de TNT en Amérique, d'après la bande dessinée d'Hergé dont toutes les pages ont été grandement (mais partiellement) noircies.