Je vous raconte : il y a donc un an, sur une foire à tout, je tombe sur ce petit album et, comme cela m'arrive assez souvent, je ne l'achète pas, n'étant pas convaincu de la nécessité sans doute de lui redonner un peu de lumière. Pourtant, pourtant, je sais qu'il est beau, j'en aime immédiatement les images mais rien n'y fait, quelque chose n'est pas mûr ou trop peut-être pour ce premier rendez-vous. Parfois, je trouve ce besoin de vous parler et de partager des beaux livres assez vain au fond.
Mais ce dimanche, un an tout juste après, voilà que je retrouve la même dame, vendeuse du même petit bordel habituel des vide-greniers et que, à nouveau, le petit album me fait un signe, me crie : achète-moi !
Cette fois j'ai cédé et les cinquante centimes furent rapidement échangés.
C'est tout de même étonnant de penser que personne entre deux n'a eu le désir de cet achat, que la dame vendeuse n'ait pas préféré le jeter. Non, nous avions besoin d'un second rendez-vous en quelque sorte. Il faut dire que j'étais de bonne humeur sur cette foire, personne à l'horizon, en tout cas pas la faune des chineurs habituels que je reconnais de loin et j'avais déjà fait quelques beaux achats ce qui, sans doute, m'avait mis en jambe, surtout avec un beau morceau de design.
Le livre ? C'est donc Mic et les trains, les textes sont de Luda (qui est-ce vraiment ?) et les magnifiques compositions sont de Marek Rudnicki. Mon édition chez les éditions Farandole est de 1963...L'exemplaire est en très bon état.
Le dessin de la la couverture et le nom de l'illustrateur me faisaient penser immédiatement à une école de graphisme et de dessin des pays de l'Est. Les aplats de couleurs, la place du blanc, le grand sens de l'économie graphique ou encore la sensation aussi qu'il pourrait s'agir un peu de gravures sur linoléum, tout concordait pour ce sentiment.
Je n'avais pas si tord que ça puisque Marek Rudnicki était un artiste polonais né en 1925. Vous trouverez toutes les infos sur cette page et vous verrez la vie incroyable de cet artiste que, j'avoue, je rencontre pour la première fois :
"Ils n'étaient pas résignés de se laisser faire."
Certaines pages sont d'une intelligence graphique assez rare même si, bien entendu, et c'est ce qui en fait aussi mon désir de le posséder, on y reconnait tellement l'esprit de l'époque ! Comment ne pas tomber sous le charme de telles images : surtout leur clarté.
Je ne sais pas si je rencontrerais à nouveau Marek Rudnicki dans des cartons de livres, au petit matin, sur un vide-grenier mais je trouve, au vu du parcours de sa vie, que c'est aussi une forme de rencontre qui lui va bien. Petit caillou perdu puis retrouvé, pages claires, couleurs franches, quelque chose de simple en apparence mais qui cache une si belle aptitude à ramasser l'essentiel, à en comprendre son sens, j'oserai sa nécessité.
Comme je suis un auditeur fidèle de l'émission Talmudiques sur France Culture, pourrait-on rêver que Marc-Alain Ouaknin nous fasse une belle émission sur la vie de Mareck Rudnicki ?
En attendant...merci pour cette attente, cette patience et ce double rendez-vous Monsieur Rudnicki.
1 commentaire:
Très beau ! Oui c’est pour Talmudique ou le musée juif!
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