mardi 17 mars 2020

Eau-forte mécatronique par un robot

Dans notre belle école des Beaux-Arts du Mans traîne un nombre incroyable d'outils tous plus performants et modernes les uns que les autres. De la découpeuse Laser en passant par la boule de vernis, de la chambre photographique en passant par le brunissoir, tout concorde pour que nos étudiants et étudiantes puissent se servir de tout, tranquillement.
Car dans notre école traînent aussi des étudiants et étudiantes qui ont la chance, selon leur option, de pouvoir parfois travailler ensemble. En pédagogie on appelle cela la transversalité. Et voilà qu'un étudiant en option Art se pique de vouloir avec son camarade en option Mécatronique voir ce que ce bon gros robot trois axes pourrait bien faire en gravure en taille-douce !
Faut dire qu'il a de la gueule le bébé orange ! Et qu'il sait être délicat quand on sait bien le dresser. Ce qui est formidable dans cette histoire c'est bien que ce sont les étudiants qui sont à l'initiative, qui complotent, qui s'organisent et qui s'emparent des outils. Pas la peine de leur demander de la faire vivre cette transversalité, l'amitié qui les soude est déjà là pour ce qui leur semble être une évidence.
Voilà donc Thomas Lambert, dessinateur, peintre et graveur qui demande à son bon copain Lucas Pierrisnard s'il n'y aurait pas moyen de traduire son cliché, une photo mise en scène de ses amis, en une immense gravure dans le vernis ! Et voilà Lucas qui s'y colle, tous deux heureux d'avoir à éprouver leur ambition à la hauteur de l'outil. Mais faut pas faire tout cela pour rien, alors autant choisir une plaque géante qui viendra aussi mieux raconter l'image d'origine.
Lucas et Thomas mettent au point l'encodage et donc la traduction de l'image. il s'agit bien d'une gravure d'interprétation. Ils mettent aussi au point la très délicate pointe sèche montée sur ressort qui viendra au bout du robot graver le vernis sans toucher au métal. La délicatesse est au rendez-vous et voir ainsi ce gros robot venir gentiment faire ses lignes dans un silence apaisant est assez remarquable et étonnant. Pas de précipitation.
Je suis, comme enseignant en gravure, très ému par cette tranquillité et par l'amitié de ces deux étudiants capables l'un avec l'autre de se mettre au service d'une image. S'il y avait une preuve de la liaison toujours nécessaire et continue de la technique et de la pensée, cette expérience en serait l'image parfaite.
Une fois l'image bien dessinée dans le vernis, il ne restait plus que la morsure à faire. Nos compères fabriquèrent donc un bac géant dans la cour de l'école (merci l'atelier bois et Olivier Chouteau) et plongèrent la plaque dans le bain de sulfate de cuivre. 35 litres ! Le mordant est remué en permanence pour bien dégager les tailles au fur et à mesure de leur apparition. 18 minutes pour une morsure propre, bien profonde sans aucun souci ni d'ouverture de lignes trop marquées ni de crevé. Ne restait plus qu'à dépouiller la matrice de son vernis et d'admirer enfin la matrice et son image bien inscrite dedans.
Pour le tirage... On va devoir attendre un peu que l'actualité nous le permette.
Bravo les gars !
Je suis fier de vous, de votre amitié, de votre ambition et surtout de votre autonomie.

Thomas Lambert vérifie sa gravure du vernis sous l'œil attentif de Lucas Pierrisnard

On voit bien que la pointe travaille régulièrement en attaquant seulement le vernis.
 



mise au bain de la plaque, Joris s'ajoute à l'équipe.

Batman nous a vachement aidé.

 





1 commentaire:

Unknown a dit…

Bravo les gars !

Vivement le tirage.

Félicitations.